EXAMEN DE LA SITUATION FINANCIÈRE ET DU RÉSULTAT 2020
Activité et informations sur le groupe Crédit Agricole Assurances
titres achetables). Cette position accommodante a également été
renforcée par l’adoption d’un ciblage de l’inflation moyenne qui
permet, explicitement, un dépassement de l’objectif d’inflation après
des périodes au cours desquelles l’inflation aurait été constamment
inférieure à 2 %. À l’issue de sa réunion de décembre, la Réserve
fédérale a clairement indiqué qu’elle maintiendrait une position
accommodante et ses taux directeurs à zéro pendant une période
prolongée comme en témoigne le “dot plot”, dans lequel la projection
médiane des membres du FOMC indique des taux inchangés
jusqu’en 2023 au moins. Tout en restant à l’aise avec le dispositif
actuel, la Fed s’est dite prête à agir davantage (plus d’achats
d’obligations et/ou une extension de maturité) si nécessaire.
et aux incertitudes élevées sur la croissance (dont elle a revu la
prévision 2021 à la baisse de 5 % à 3,9 %), la BCE a envoyé un
signal très clair de présence substantielle et, surtout, durable ; elle
a renouvelé son incitation à prêter à destination des banques et
son engagement à limiter les tensions sur les primes de risque des
souverains vulnérables : recalibrage de la troisième série d’opérations
de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO III, allongement
jusqu’en juin 2022 de la période pendant laquelle des conditions très
(2)
favorables en termes de taux d’intérêt et d’assouplissement du
collatéral adoptées s’appliquent), trois opérations supplémentaires
prévues en 2021 (juin, septembre, décembre), augmentation du
montant total que les contreparties seront autorisées à emprunter
lors des TLTRO III, quatre opérations supplémentaires de
refinancement (PELTRO, de mars à décembre 2021 d’une durée
d’un an), enveloppe additionnelle de 500 milliards d’euros consacrée
au PEPP (total de 1 850 milliards d’euros), extension de l’horizon
des achats nets jusqu’à fin mars 2022, réinvestissements des
remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance
prolongés au moins jusqu’à la fin de 2023.
La réponse budgétaire américaine a également été rapide
(mars) et massive, sous la forme d'un plan de soutien dit
CARES Act (Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security)
totalisant près de 2 200 milliards de dollars (soit 10 % du PIB)
visant à fournir une aide financière ou un allègement de charges aux
ménages et aux entreprises mais aussi aux hôpitaux et aux États. Les
mesures phares comprenaient le versement direct d’une allocation
aux ménages à revenu faible ou intermédiaire, un plan d’aide au
système d’assurance chômage (autorisant une extension des
indemnités chômage qui normalement relèvent de la compétence
des États), un soutien financier aux PME (350 milliards de dollars),
des prêts aux grandes entreprises, aux États et aux collectivités
locales (500 milliards de dollars), un déblocage de crédits en
faveur des hôpitaux (150 milliards de dollars). Un plan budgétaire
supplémentaire (484 milliards de dollars soit un peu plus de 2 %
du PIB), visant à renforcer le CARES Act de mars et à “rallonger” le
programme de prêts aux PME, a été adopté en avril.
La politique budgétaire de la zone euro
a également
rapidement pris une tournure expansionniste avec des
mesures nationales (soutien au système de santé, aux entreprises
et à l’emploi, garanties publiques sur les nouveaux prêts aux
entreprises). En allégeant les entraves aux politiques nationales par
la suspension des règles budgétaires, la Commission européenne a
permis aux pays de répondre immédiatement à la crise. Face à des
marges de manœuvre nationales si diverses que se posait le risque
d’une fragmentation préjudiciable aumarché et à la monnaie unique,
la mise en commun des ressources s’est imposée. Les fonds
existants ont d’abord été mobilisés (3). À mesure que l'ampleur
de la crise se dessinait, de nouvelles ressources communes
financées par l'endettement ont vu le jour : fonds SURE (fonds
de réassurance contre le chômage, 100 milliards d’euros), garanties
d’investissement par la BEI (200 milliards d’euros) puis proposition
de la Commission européenne en faveur d'un fonds de soutien
à la reprise et à la reconstruction, opérant une redistribution
en faveur des pays les plus touchés par la crise et les plus
pauvres : le Recovery Fund (soit 750 milliards d’euros levés par
émission obligataire garantie par le budget de l’UE).
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En 2020 (1), le déficit budgétaire américain s’est ainsi creusé de près
de 10 points à 14,9 % du PIB, alors que la dette croissait de 20 points
de pourcentage pour atteindre 100 % du PIB. L’activité a néanmoins
fait le “yoyo” durant toute l’année. Après un repli de 1,3 % au premier
trimestre (en variation trimestrielle non annualisée), le recul du PIB
au deuxième trimestre a été violent (- 9 %) mais suivi d’un rebond
plus soutenu qu’anticipé (+ 7,5 % au troisième trimestre). À la faveur
de la recrudescence de l’épidémie, l’amélioration du marché du
travail s’est interrompue en décembre (après avoir culminé à 14,8 %
en mai, le taux de chômage atteint 6,7 % contre 3,5 % avant la
crise). Au quatrième trimestre, l’activité n’a progressé que de 1 %.
En dépit de soutiens monétaires et budgétaires massifs, la
récession s’élève finalement à - 3,5 % (- 2,5 % en 2009) ; le
PIB est inférieur de 2,5 % à son niveau pré-crise (fin 2019) et
l’inflation atteint 1,4 % fin décembre.
En 2020, l’impulsion à l’économie fournie par la politique budgétaire
atteindrait un peu moins de 4 points de PIB en moyenne dans la
zone euro. Couplée à la détérioration cyclique du solde budgétaire
(4 points de PIB), le déficit public se creuserait de près de 9,3 % en
moyenne dans la zone euro et conduirait à une forte hausse des
dettes publiques (presque 18 points en moyenne pour atteindre un
peu plus de 104 % du PIB). En dépit des dispositifs monétaires et
budgétaires, l’économie a néanmoins évolué au gré de la pandémie
et des mesures de restriction à la mobilité qu’elle imposait. Après
un repli déjà substantiel au premier trimestre (- 3,7 % en variation
trimestrielle), le PIB a chuté de 11,7 % au deuxième trimestre avant
d’enregistrer un rebond spectaculaire et plus robuste qu’anticipé
(+ 12,5 %). Au dernier trimestre, le repli a été moins sévère qu’anticipé
(- 0,7 %). Alors que l'inflation s'est repliée (- 0,3 %, glissement
annuel en décembre ; 0,3 % en moyenne), la récession a
ainsi atteint 6,8 % en 2020 (à rapprocher de - 4,5 % en 2009),
laissant le PIB inférieur de 5,1 % à son niveau de fin 2019
et faisant apparaître d'importantes divergences entre grands
pays de la zone euro. À titre d’illustration, en Allemagne, après
une croissance quasiment nulle au quatrième trimestre, le PIB a
enregistré une contraction moyenne de 5,3 % sur 2020, ce qui reste
“limité” notamment au regard de la crise financière de 2009 (recul
de 5,7 %).
En zone euro, dès le mois de mars, la BCE a déployé des
mesures accommodantes offensives qu'elle
a ensuite
adaptées pour prévenir tout resserrement indésirable des
conditions de financement : augmentation du Quantitative Easing
(enveloppe supplémentaire de 120 milliards d’euros), lancement
d’un nouveau programme d’achats temporaire (Pandemic
Emergency Purchase Programme ou PEPP de 750 milliards d’euros,
initialement jusqu’à la fin 2020, achats non contraints par la limite
de 33 % de détention maximale par souche ce qui autorise un
respect plus facile de la clé de répartition du capital), introduction
de Long Term Refinancing Operations (LTRO) transitoires jusqu’en
juin 2020 (assorties de conditions plus favorables ainsi que de
règles moins strictes pour le collatéral), assouplissement des
conditions des TLTRO III, nouvelles opérations de refinancement à
long terme Pandemic Emergency Long Term Operations (PELTRO)
et, enfin, allègement des contraintes de solvabilité et de liquidité
du secteur bancaire. Fin décembre, face à l’impact plus prononcé
de la deuxième vague de pandémie sur le scénario à court terme
(1) Année fiscale 2020 se terminant en septembre.
(2) 50 points de base (pb) en-dessous du taux de refinancement pour tous les encours et 50 pb en-dessous du taux de dépôt pour tout encours net égal au niveau
des encours octroyés entre octobre 2020 et décembre 2021. La condition préalable pour bénéficier de cette forte incitation à prêter est donc claire : il ne faut ne
pas diminuer le soutien existant.
(3) Réorientation des fonds de cohésion non utilisés du budget de l’UE à hauteur de 37 milliards d’euros, garanties aux PME fournies par la Banque européenne
d’investissement (BEI), utilisation des fonds encore disponibles du Mécanisme européen de stabilité (MES) à hauteur de 240 milliards d’euros (soit 2 % PIB de la zone).
CRÉDIT AGRICOLE ASSURANCES S.A. Document d’Enregistrement Universel 2020
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