EXAMEN DE LA SITUATION FINANCIÈRE ET DU RÉSULTAT 2021
Activité et informations sur le groupe Crédit Agricole Assurances
TENDANCES RÉCENTES ET PERSPECTIVES
Les parties relatives aux perspectives ont fait l’objet d’une mise à jour
postérieurement à l’arrêté des comptes en date du 8 février 2022
pour refléter les évolutions récentes liées à la situation en Russie et
en Ukraine. Les facteurs de risques ont également été amendés en
page 108, postérieurement à l’arrêté des comptes.
goulets d’étranglement susceptibles de se prolonger sur la majeure
partie de 2022 tout en étant moins “mordants”. Au second semestre
2022, sous réserve d’une stabilisation des prix de l’énergie, les effets
de base deviendraient alors très favorables (forte baisse sur un an
des prix de l’énergie puis des biens) et les perturbations sur les
chaînes de valeur seraient en voie de résolution graduelle.
Fin février 2022, les tensions entre la Russie et l’Ukraine ont débouché
sur un conflit armé. L’ampleur et la durée de cette guerre, tout
comme ses impacts économiques et financiers, sont évidemment
difficiles à prévoir. Outre ses conséquences financières immédiates
(aversion pour le risque, baisse des marchés d’actions, repli des
taux des obligations les plus sûres dont États-Unis et Allemagne,
hausse de la volatilité), le conflit russo-ukrainien s’est traduit par une
hausse sensible des cours matières premières pour les productions
desquelles les belligérants sont des acteurs majeurs(1). Dans un
contexte d’incertitude très forte et d’érosion de la confiance, l’effet
dépressif sur l’activité et l’augmentation des pressions inflationnistes
déjà sensibles vont complexifier la tâche des banques centrales, tout
particulièrement celle de la BCE.
Aux États-Unis, dopée par des composantes spécifiques très
dynamiques (composante logement “Owners’ Equivalent Rent” qui
n’existe pas en zone euro, voitures d’occasion notamment, salaires
plus dynamiques faisant anticiper des effets de “troisième tour”),
l’inflation resterait très élevée au premier trimestre avec un pic prévu
vers 7,5 % en glissement annuel pour une inflation sous-jacente
approchant près de 6,5 %. L’inflation totale se replierait ensuite (vers
3 % sur 12 mois fin 2022) portant la moyenne annuelle à 5,4 %
contre 4,7 % en 2021.
En zone euro, la vigueur de la reprise n’a pas encore permis de
combler l’écart de production négatif et le choc inflationniste exogène
ne semble pas à même d’altérer le scénario d’une croissance
décélérant tout en restant robuste : elle s’établirait à 4,3 % en 2022
puis à 2,5 % en 2023. Si elle se heurte à la faiblesse de l’offre
(blocages logistiques, chaînes d’approvisionnement tendues,
pénuries d’intrants et de main-d’œuvre), la demande agrégée est
encore faible malgré son rebond : c’est précisément cette faiblesse
qui permet d’anticiper des hausses de salaires encore contenues
et une hausse de l’inflation plus persistante mais temporaire.
Tout comme aux États-Unis, la remontée de l’inflation au-delà de
nos anticipations constitue évidemment le principal risque : elle
dégraderait la croissance via l’érosion du pouvoir d’achat, plutôt que
via une éventuelle spirale prix-salaires. L’éventualité d’une spirale
prix-salaire constitue actuellement une préoccupation aux yeux des
investisseurs qui semble exagérée.
Notre scénario(2) retient un ralentissement de la croissance, qui
resterait soutenue, ainsi qu’une lente modération de l’inflation. Un tel
schéma suppose que la demande se normalise et que les contraintes
pesant sur l’offre se desserrent. Cette double normalisation permet
que l’inflation (notamment sous-jacente) ralentisse et que les
mesures exceptionnelles de soutien monétaire soient retirées sans
précipitation et sans impact excessif sur les marchés obligataires.
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On ne peut évidemment mésestimer le risque d’une inflation à la fois
plus élevée et plus durable qu’anticipé. Si le risque d’accroissement
sensible des salaires et d’installation de l’inflation sur un plateau
durablement plus élevé est plus patent aux États-Unis, les craintes en
zoneeuroémanentplutôtd’uneérosiondupouvoird’achatsusceptible
d’entamer la vigueur de la croissance : cela ne constitue cependant
pas actuellement notre scénario central. Par ailleurs, tout au moins
dans les économies avancées grâce à la couverture vaccinale, les
variants éventuels du virus semblent pouvoir freiner temporairement
l’activité sans provoquer de rupture ou de forte discontinuité dans les
comportements. Le variant Omicron introduit ainsi un risque baissier
sur le premier trimestre 2022 mais haussier sur le deuxième trimestre
2022 sans bouleverser les grandes lignes du scénario.
Outre les facteurs de hausse déjà évoqués, l’inflation en zone euro
sera volatile mais largement influencée par des facteurs techniques
(tels, par exemple, les pondérations des composantes de l’indice
des prix, la fin de l’effet de la TVA en Allemagne, les révisions selon
des modalités nationales des prix des contrats énergétiques, etc.).
Les inflations totale et sous-jacente s’établiraient en moyenne,
respectivement, à 4,1 % (2,4 % en décembre sur un an) et 2,4 %
(1,9 % en décembre).
Aux États-Unis, la croissance resterait donc vigoureuse (3,8 %
en 2022) avant de converger graduellement vers sa tendance de long
terme (2,3 % en 2023). Elle profiterait d’une consommation solide
portée par l’amélioration du marché du travail, la progression élevée
des salaires – mais circonscrite aux secteurs les plus affectés par
les pénuries de main-d’œuvre sans générer une boucle prix-salaires
– et le réservoir non encore entamé d’épargne, filet de sécurité
permettant d’amortir l’accélération vive de l’inflation. Un scénario
favorable sur la consommation mais aussi sur l’investissement : les
entreprises restent optimistes malgré les problèmes de perturbation
des chaînes d’approvisionnement et de manque de main-d’œuvre
persistants bien qu’en repli.
En France, la consommation devrait bénéficier d’un pouvoir d’achat
en hausse malgré les tensions inflationnistes. Des créations d’emplois
dynamiques et des taux de chômage au plus bas devraient rassurer
les ménages confortés, par ailleurs, par l’accumulation pendant la
crise d’un surplus d’épargne évalué à €150Mds. L’investissement
bénéficiera du soutien du plan de relance présenté à l’automne 2020
et renforcé depuis par le plan France 2030. La croissance se situerait
vers 3,9 % en 2022. Quant à l’inflation, élevée en début d’année,
elle repasserait sous 2 % en fin d’année et atteindrait en moyenne
2,6 % en 2022.
Notre scénario retient des normalisations monétaires (encore
préférées à des resserrements monétaires) très variées. Selon la
vigueur de l’inflation avérée ou redoutée et la résistance anticipée
de la croissance de leurs territoires respectifs, les banques centrales
s’engagent à des cadences très diverses sur la voie du retrait de leur
accommodation aussi exceptionnelle que généreuse.
Les moteurs qui ont le plus vigoureusement contribué à l’accélération
de l’inflation en 2021 continueront à tourner, tant aux États-Unis
qu’ailleurs, au moins durant le premier semestre de 2022 : inflation
énergétique élevée avec notamment la poursuite de la crise du
gaz naturel (dont les prix sont extrêmement volatils mais se sont,
en quelque sorte “stabilisés” depuis octobre), répercussions sur
les prix de détail des hausses de coûts subies sur les intrants
(effets de second tour avec un impact maximal intervenant environ
quatre trimestres après le choc sur les prix en amont), problèmes
d’approvisionnement (dont semi-conducteurs et conteneurs) et de
Aux États-Unis, considérant l’inflation comme un risque majeur, les
responsables de la Réserve fédérale ont insisté mi-janvier sur la
reprise de l’activité et de l’emploi, tout en estimant que le risque de
mise en place d’une boucle prix-salaires était faible. Selon la Fed,
(1) Source : Pétrole, gaz, céréales en premier lieu mais aussi charbon, platine, aluminium, cuivre, nickel, argent, or, palladium.
(2) Scenario établi avant le conflit Russo-Ukrainien.
CRÉDIT AGRICOLE ASSURANCES S.A. Document d’Enregistrement Universel 2021
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