France Assureurs (FA, ex FFA) a publié comme tous les ans sa cartographie des risques pour le secteur de l’assurance et de la réassurance. Elle liste ainsi les principaux facteurs de risques identifiés par la filière, et les répartit à travers plusieurs catégories : économie, environnement, société, technologie, politique et règlementaire.
Cette analyse fait ressortir 5 grands défis sur lesquels les acteurs de l’assurance vont devoir se pencher à moyen terme. Si la plupart d’entre eux étaient déjà dans la liste l’année passée, certains ont fait un bond au classement.
1. Devenir des experts de la gestion et de la sécurisation des données (=)
Comme l’année passée, l’étude fait ressortir en tête la problématique des données personnelles. C’est d’ailleurs le principal risque technologique lié à l’évolution des métiers de l’assurance.
Selon la FA, les assureurs doivent absolument développer une expertise irréprochable en matière de contrôle et de protection des données de leurs assurés. Une mauvaise gestion les expose à un triple risque : réputationnel, opérationnel (erreur de tarification), et judiciaire.
Un défi de taille, tant les canaux de communication entre assureur et assuré se développent (application dédiée, système de chat ou de messagerie avec son conseiller, déclaration de sinistre en ligne, etc.).
2. Préparer (et limiter) le dérèglement climatique (+ 3 places)
Comme expliqué par le dernier rapport du GIEC, réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement n’est plus suffisant. Il faut en parallèle se préparer à vivre avec les conséquences du dérèglement climatique, notamment la dégradation des habitats.
Le risque environnemental fait une percée dans le classement de France Assureurs : de la cinquième à la seconde place en un an. Les principales conséquences, selon les assureurs, portent sur la santé des populations, les infrastructures et le déséquilibre des systèmes économiques.
3. Faire évoluer les modèles de retraites et de santé, face au vieillissement de la population (=)
C’est une tendance au long cours : les avancées techniques dans le domaine de la santé (réanimation, traitements des cancers) ont un impact sur les taux de mortalité et de longévité des populations. Elles vivent donc plus longtemps, mais aussi en meilleure santé.
Cette rupture démographique soulève plusieurs questions. Tout d’abord comment adapter l’équilibre des prises en charge publiques et privées, face à l’inflation des frais de santé et à l’apparition de nouveaux services à la personne ? Ensuite, comment allouer les richesses (retraite, et aides face à la dépendance) de manière équilibrée et durable ?
4. Renforcer la cybersécurité dans le monde du « travail à distance » (- 2 places)
La cybercriminalité est considérée comme le principal risque à horizon 5 ans par l’ensemble des assureurs, devant le risque environnemental.
La flambée des attaques cybers pendant les confinements a mis les entreprises face au défi de la sécurisation de leurs activités dans un contexte de télétravail. Elles devront rapidement explorer des solutions technologiques et des processus fiables, mais surtout sensibiliser leurs collaborateurs.
5. Intégrer les nouvelles technologies… et les nouveaux acteurs du secteur ! (+ 1 place)
C’est un défi qui concerne particulièrement les assureurs traditionnels. La blockchain et l’IA sont identifiées dans le rapport comme les deux technologies les plus disruptives pour le secteur.
Afin de ne pas perdre leurs parts de marché au profit de nouveaux entrants, les assureurs vont devoir intégrer ces initiatives et faire évoluer leurs modèles : incubation de nouveaux projets, formation continue des collaborateurs, alliance stratégique avec les leaders de la tech ou les GAFAM…
Comme l’année passée, deux grandes tendances se dégagent : les risques technologiques et environnementaux qui dominent maintenant le classement de France Assureurs. La pandémie et ses implications ont en revanche totalement disparu des radars. Mais si finalement le plus grand challenge pour le secteur de l’assurance était l’imprédictibilité ? On peut déjà prendre le pari que la stabilité entre 2020 et 2021 de la perception du risque politique va changer au regard du contexte actuel. Or, la stabilité des risques politiques, qui se placent entre la 14 et la 17ème place selon la territorialité, illustre bien l’absence (et la difficulté) d’anticipation de ce sujet. Et pas seulement pour les assureurs.